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Images de la vie
30 septembre 2021

Souvenir d'orage

Le temps avait menacé tout l’après-midi, nous narguant avec son vent qui affolait le feuillage des platanes de la cour de récréation. Je regardais par la fenêtre de plus en plus fréquemment pendant que la maîtresse tentait de capter notre attention déjà bien émoussée en cette fin d’après-midi de juin. Mais, sauf ce vent échevelant, aucun autre présage ne se manifestait.

Mais voilà, à l’instant précis où nous franchissions le portail de l’école, le premier grondement a roulé, venant du fond du village et s’étalant au-dessus de nos têtes comme un avertissement.

Le chemin qui me ramenait à la maison mesurait bien son kilomètre et demi et mon cartable rempli des livres utiles aux devoirs du weekend, tirait sur mon bras. Je commençai à marcher d’un pas vigoureux, espérant ne pas subir le déluge trop longtemps, car en effet, il ne faisait aucun doute que la pluie ne saurait tarder. L’anthracite opaque des épaisses montagnes célestes, semblait gonfler en approchant, cisaillé par les éclairs. Au fur et à mesure que l’orage avançait, le tonnerre éclatait chaque fois plus percutant, chaque fois plus fracassant.

Aujourd’hui, je l’entends encore comme une énorme, immense, gigantesque baudruche qui aurait explosé, sous le coup d’une flèche lancée par un bras puissant.

Soudain, le nuage s’ouvrit et la pluie s’abattit en stries serrées. Les grosses gouttes frappaient le sol en flops mats et me mouillaient jusqu’à la moelle.

L’humidité dont mon cartable s’imprégnait le faisait glisser dans ma main qui se crispait en essayant de le retenir. Je le changeais fréquemment de côté afin de soulager momentanément mon bras endolori et je pressai le pas.

J’avais hâte d’arriver à la maison afin de me mettre au sec. Douche et vêtements propres.

Je ne me souviens d’aucune sorte de frayeur, mais le ruissellement tiède de cette pluie d’orage qui me parcourt de la tête aux pieds, plaquant mes cheveux sur mon visage et dans mon cou, et cette impression d’être chaussée de coussins chuintant à chaque pas sont des sensations empreintes sur ma peau, enveloppantes et fluides.

Puis le nuage et son cortège d’eau, d’éclairs et de grondements s’éloigna, me laissant dégoulinante mais soulagée de retrouver le ciel bleu vif de juin qui aurait pu attendre un peu que je fusse à l’abri avant de me livrer sans pitié à ses caprices.

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